Dans le cadre des Cafés Frappés, en partenariat avec les bibliothèques de l’Université Paris-Saclay, l’Ecole a accueilli mercredi 10 mai 2023 l’écrivain Alain Damasio sur le thème « La technologie contre le vivant ? L’écriture pour transformer les imaginaires ». Lauréat de nombreux prix littéraires (le dernier en date : le Grand Prix de l’imaginaire en 2020 pour Les furtifs) pour son œuvre protéiforme, Alain Damasio a également partagé avec un enthousiasme communicatif sa vision de la vie en société et de la place de la technologie dans nos vies trop connectées, en échangeant avec le public et des membres du « Collectif Contre la Ligne 18 et l’Artificialisation des Terres ». Devant un auditoire, sur place et à distance, réceptif et déjà conquis, Alain Damasio prend la parole.
Ses ouvrages ouvrent un monde des possibles (ou des impossibles ?) totalement innovant et étrangement dérangeant, car trop probable, sans doute, à travers une science-fiction ou plutôt un « présent hypertrophié », selon ses propres mots. Toutes les technologies développées dans ses romans – ou presque – existent en effet à l’état plus ou moins abouti dans notre monde d’aujourd’hui.
Son roman Les furtifs nous propose de découvrir une espèce animale/végétale/minérale qui vit dans « l’angle mort de la vision humaine ». Personne n’a jamais pu voir d’individus vivants puisqu’ils se suicident en se figeant dès qu’un humain pose les yeux sur eux. Les furtifs naissent du son, et renaissent du frisson… Ils peuvent être une métaphore de bien des choses : les « invisibles » de notre société, que nous sommes bien contents de ne pas voir, des êtres qui portent en eux toute la quintessence de la vie sous toutes ses formes, ou alors la vie par-delà la mort, où chaque être aimé disparu continue de vivre là où nous ne pouvons plus le voir… Le roman est également un plaidoyer pour la communauté, l’ensemble, le groupe, l’uni. Rien n’est possible seul·e, tout est possible ensemble.
L’écriture de Alain Damasio est une aventure en soi : appréhender un roman peut paraitre une épreuve tant la langue française semble trop imprécise, trop peu riche pour l’auteur : il invente des mots, des manières d’écrire (avec de la typoésie) pour pouvoir exprimer ce que son cerveau débordant a à transmettre. Mais pour peu que l’on se laisse prendre par la poésie des mots, du rythme et que l’on se laisse tomber dans son univers foisonnant, le monde bien réel parait alors vraiment trop fade dès le livre fermé…
À l’occasion de ce Café Frappé particulier, les bibliothèques proposaient également un choix d’ouvrages thématiques, que vous pouvez retrouver en prêt à la bibliothèque Eiffel du campus de Paris-Saclay.
Article proposé et rédigé par Anne Cloirec, bibliothécaire sur le campus de Rennes.
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